24 septembre 2014

Faute d'accord

Quand nous sommes allés manifester, plutôt contre les contre mais avec les pour, j’en avais parlé à mon camarade de marche, plus concerné que moi par la loi du mariage pour tous.

      
-          Tu vas voir, bientôt, ce sera notre tour de prendre des tomates dans la tête. Pas parce que tu es homo, ou parce que je suis une femme. Mais parce que nous sommes célibataires. Les anormaux, demain, c’est nous.

-          Tu divagues.

Peut-être. Ou peut-être que lui ne ressent pas cette pression.

Combien de fois m’a-t-on demandé quand ?

Combien d’encouragements ? Si, si, tu verras, toi aussi, tu retrouveras l’amour…

Sûrement. Et j’y compte bien.

Mais là, je n’ai pas envie.

Je suis certaine que des wagons entiers d’homidéal me passent sous le nez.

Je suis devenue paresseuse du cœur.

Et j’ai toujours été exigeante.

Quand cela en vaudra vraiment la peine, je retournerai jouer dans cette farce, et je replongerai dans ce fleuve boueux où on s’aime et on se déchire.

En attendant, si cela peut vous aider, pensez que je suis une lesbienne refoulée, vous vous montrerez plus tolérants. Parce que je peux compter sur les doigts d’une seule main les personnes de mon entourage qui ne s’attristent pas sur mon choix de célibat.


Et vous savez le pire ? Je suis très heureuse. Seule.

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