12 mai 2018

Le dieu des corps

Ces deux seins accomplis, je les admirais comme un passant qui débouche sur une place de Venise admire soudain une coupole, je m’en émerveillais comme un mathématicien d’une représentation graphique inespérée. Quand mon extase risquait de devenir trop intellectuelle, leur pointe, rose et brunâtre, couleur de jeune pousse, légèrement froissée et tordue, dardait vers moi une provocation plus animale, faisait allusion aux jouissances qui nous fouillent le plus loin, aux écrasements les plus aveugles de la chair par la chair. Et je sentais alors affluer dans ma bouche de nouveaux baisers, se ramasser pour une nouvelle dépense de caresses, ma langue, ma salive.

These two full breasts, I admired like someone coming along a place in Venice admires a dome, I felt strucked like a mathematician by a unexpected graphism. When my rapture was about to become too much mental, their pink and brown point, the color of a early shoot, slightly creased and warped, poke a more animal provocation, hinting ectasies that dig the deepest, blindest crushings of flesh on flesh. And I felt my mouth filling with kisses, with a new expense of caress, my tongue, my saliva.*


Le Dieu des corps, Jules Romains

* I did the translation myself.

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