19 janvier 2016

Libertés, libertés, chéries

C'est vrai, je râle souvent ces jours-ci. Ma conscience citoyenne, et cet attachement un peu bête à des moments de liberté, que je voudrais pratiquer sans y penser. On oublie vite. J'essaie de me rappeler.

- Etre une femme, ici, c'est quand même assez simple. Je n'ai d'autorisation à demander à personne pour avoir un emploi, ouvrir un compte en banque (et je me débrouille toute seule avec mes découverts). J'ai mon permis depuis... pfou ! ça ne me rajeunit pas. J'ai une voiture. Je m'en sers pour me déplacer sans avoir à dire où je vais. Et je m'habille à peu près comme je veux. Même que dans certaines conditions, je m'habille assez peu (à la piscine, par exemple).

- Etre en couple, ici, ce n'est pas toujours sans préjugés dans le regard des autres. Mais ma maman est heureuse depuis des années avec belle-maman.

- Aller voter, ici, ça prend un quart d'heure (après avoir pirs connaissance des programmes électoraux). il n'y a pas la queue, les urnes sont en plexiglas, et il n'y a pas de soldats dans la rue pour protéger le bureau de vote.

- Raconter des conneries, exprimer ses opinions, ici, pour le moment, c'est à peu près sans risque. Je peux aller manifester (quand c'est permis) ou écrire, dire ce que je veux. Au pire, on peut trouver que j'ai les idées larges, et la morale élastique. On ne va pas me condamner au fouet pour ça.

- Lire la presse et les livres que je veux, ici, c'est encore possible. J'achète Charlie en espérant que le journal survivra à l'ordre moral. ça me rassure qu'ils existent, et ça m'aère la tête.

- Papillonner au gré de mes envies avec des adultes libres et consentants peut m'attirer quelques réprobations, mais on ne me lapidera pas pour mes coucheries.

J'en oublie. Et je pense à des gens que je connais, ou pas. A un type qui risque la peine de mort dans son pays parce qu'il n'aime pas comme il faut, à une femme qui doit se faire conduire, avec l'autorisation de son mari, partout où elle va. Au carcan des traditions et des lois qui permettent à des êtres humains d'en condamner d'autres à cause de ce qu'ils sont, de ce qu'ils pensent, de ce qu'ils ont peut-être fait. A l'immense liberté qu'on me laisse.





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