Malgré ton
physique de grand gaillard, tu étais tout fragile à l’intérieur.
Ta grande
carcasse si résistante, tu l’as usée, rapée, à coup de paquets de clopes, de
milliers de kilomètres au volant de gros camions, de travaux durs, et de
passages à vide plus durs encore avec trop de Pastis au milieu.
Depuis que je
vis loin de vous, je suis venue vous voir, constatant à chaque visite annuelle
que ton sourire et ta gentillesse restaient intacts, mais pas ton organisme à
bout de souffle. Malgré les cures et les bouteilles à oxygène, il ne te restait
qu’un filet d’air.
Ma dernière
visite, c’était bien la dernière fois que je te voyais.
Alors merci.
Merci pour
nos yeux émerveillés d’enfants, pour le hérisson au fond du jardin et la biche
et ses faons. Merci pour cette belle bagarre avec un brochet. Merci pour ma
couleuvre relâchée dans l’étang. Merci pour ces innombrables parties de
campagne qui ont ensoleillé nos vacances. Merci pour les BD, dévorées de longs
étés. Merci pour ta maison bricolée et ta porte toujours ouverte pour nous.
Juste merci.
Ce mot que je n’ai pas eu le temps de te dire, parce que tu étais trop jeune,
dans mon esprit pour partir avant.
Avec toi, une
partie de mon enfance s’est fait la belle.
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