7 septembre 2017

Sexe, drogue et rock'n roll/Sex, drugs and rock'n roll

Nous avons parlé une fois de ton adolescence pendant la guerre, et comment tu t'échappais pour embrasser ton petit ami, malgré les tirs de mortiers.
Je n'ai pas connu cela. Ce film me rappelle que j'ai grandi dans d'autres tranchées.

Je suis sortie de l'adolescence en pleine épidémie de sida. Et ma mère, si coincée, distribuait des capotes quand j'en ai eu besoin.

La liberté sexuelle que nos parents avaient conquise avec l'avortement et la pilule était polluée. On pouvait mourir d'un cri d'extase. La petite mort pouvait vous conduire à l'agonie, la vraie. Chaque échange de fluides corporels devenait suspect.

Les trompe-la-mort et les incrédules sont tombés en premier. 

Nous avons découvert, stupéfaits, que nous connaissions tous des camés et des pédés, premières victimes du virus poilu. D'abord l'opprobre, puis, avec les maladies opportunistes, un vivant s'effaçait peu à peu, comme si la mort prenait son temps pour gommer toute substance. Les corps décharnés des malades annonçaient un voyage sans retour, enfermés dans les barbelés du virus, embarqués dans les wagons à bestiaux, les mouroirs où leurs propres familles les envoyaient finir une existence soudain frappée d'infamie.

C'était moche. C'était angoissant, brûlant comme les larmes que des amis, mais pas les parents, versaient au bord d'une tombe.

Once we talked about your teenage during war, and how you used to slip away to kiss your boyfriend despite bombings.
I've never known that. This movie makes me remind I grew up in other trenches.

I became an adult during HIV epidemic. And my so inhibited mother gave condoms out when I needed some.

Sexual freedom our parents had conquereed with abortion and pill was polluted. You could die in a cry of extasy. Little death could lead you to agony, the real one. Anytime you shared body fluids, it was suspect.

Death-defying and skeptical people fell first.

Astounded, we realised we all knew junkies and faggots, first victims of the hairy virus. First, disgrace, then, with opportunistic illnesses, a living one faded, as if death took its time to delete any substance. Scrawny bodies were a sign of no-return trip, locked in barbed wires of the virus, boarded in animal wagon, hospices where their own families sent them finish a life full of infamy.

It was bad. It was frightening, scorching like tears friends, if not parents, cried on a grave.



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