Je le connais depuis toujours.
Je traine sa silhouette dégingandée sur un chemin de forêt, pour une balade de 7 km sous une pluie de plus en plus insistante. Je m'inquiète, j'ai peur qu'il ait froid, ou les pieds mouillés. A côté de nous, Viking n°1 écoute avec indulgence sa mère gâtifier.
Nous discutons _ pas tard, je suis du soir, mais il est du matin _ de tout et de rien. Pour être honnête, il ne sait pas s'intéresser à nos vies, à la mienne en particulier, mais il y a dans ses questions une urgente tendresse.
Il m'a appelée pour les dernières échéances de son existence. Je suis soucieuse, j'espère qu'il franchira les étapes avec plus de sérénité.
Et puis sa silhouette dégingandée a quitté mon horizon, il est resté, passé, reparti. Avec cette intermittence affectueuse dont le rythme nous échappe, avec cette générosité affable dont l'objet nous reste inconnu, avec ce regard pétillant dont nous sommes la fierté.
Je regarde mes fils, je le regarde, lui. Et je le comprends moins que tous les autres, mon père.
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