5 avril 2015

Fauve (billet censuré)

J’apprécie ton esprit, ton humeur vaillante et enjouée. J’ai aimé poser mes mains sur toi, susciter tes silences et tes soupirs. J’ai joué avec tes frissons. J’ai goûté chacun de tes naufrages et cueilli tous tes derniers souffles. J’ai senti vibrer tes membres, aspiré tes acmés, avalé les mânes de tous tes orgasmes.

Tu penses à moi. Tout le temps. Tu me le dis à longueur de messages. Tu ris de bonheur en entendant ma voix.

Je suis là pour toi, tu me le fredonnes le soir. Je suis là pour toi, parce que tu en as décidé ainsi. Tu roules sous ta langue, en mots échevelés, les maigres souvenirs de nos emmêlements. J’entends le ronronnement passionné de contentement au bout du fil. Tu feules de bonheur, je t’imagine rouler sur le dos, fauve domestique abandonné à son obsesion. Je t’écoute et je te lis beaucoup, puisque je suis loin. Tu réclames ta dose, ta dose de moi, tous les moments que je te dois. Et tu me le roucoules et tu me déclames.

Quand je me penche sur toi, je ne vois plus que des abîmes.

Je te promets de rester douce, et de rester bienveillante. Ce ne sera pas facile, je sais que je suis ta seule distraction. Je vais m’éloigner doucement de tes gouffres. Tu ne sentiras rien, c’est promis. Juste la fugace installation d’un ennui entre nous. Je sais mieux décevoir que combler.

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